Le projet du SAS s’est développé au départ dans une AMO, association d’aide en milieu ouvert qui développe son action, en rapport avec les missions qui lui sont confiés, par un accompagnement d’aide aux jeunes en inscrivant son action dans le cadre de l’aide spécialisée, complémentaire et supplétive telle que définie dans le décret du 4 mars 91 relatif à l’aide à la jeunesse.
Historiquement, cette AMO, l’AJQP « aide aux jeunes en quartier populaire », se situait proche de l’Atelier Marollien, école professionnelle du bâtiment à Forest. Elle a développé une compétence spécifique liée à des problématiques scolaire et pendant 10 ans elle a initié un projet d’accueil de jeunes en journée, dont le symptôme extérieur est une difficulté voir un décrochage scolaire. Ce projet « pilote » s’est développé en partenariat avec l’asbl « simplement une école » en créant deux SAS qui ont accueilli pendant 10 ans des jeunes de toutes les écoles de l’agglomération Bruxelloise.
En janvier 2010, ce projet a pris son autonomie vis-à-vis des structures créatrices et est devenu, le SAS Bruxelles midi agrée dans le cadre des 8 projets SAS (devenu 12 ensuite) reconnus par la communauté Française. Cet agrément est validé par le Décret de la Communauté française du 12 mai 2004, « Décret portant diverses mesures de lutte contre le décrochage scolaire, l’exclusion et la violence à l’école », et l’ « Arrêté du Gouvernement de la Communauté française relatif aux services d’accrochage scolaire » du 14 mai 2009. Les nouveaux textes légaux, modifiant en partie le cadre fixé en 2009, sont les décrets du 20/11/2013 : décret « bien-être des jeunes » et décret « politiques conjointes ».
Accueil de jeunes en difficultés avec leur trajet scolaire.
Pendant toute l’année, hormis les périodes de vacances d’été, (15 juillet 20 Aout suivant le calendrier annuel) les jeunes peuvent être accueillit au SAS sous rendez-vous.
Les activités organisées pour les jeunes se déroulent conformément au calendrier scolaire de septembre à juin avec interruption pendant les congés scolaires. Les jeunes peuvent rester au SAS pendant une période de trois mois renouvelable une fois si c’est pertinent et une période de 1 an durant l’ensemble de leur scolarité.
En fin d’année scolaire l’ensemble des prises en charges prend fin même si le jeune n’a pas effectué trois mois au SAS, il nous semble essentiel qu’une scolarité soit proposée et organisée pour la rentrée de septembre pour tous.
Procédures d’admission pour une prise en charge au SAS.
Tous les jeunes qui arrivent au SAS sont accueillis sous rendez-vous avec ou sans accompagnateur.
1. Le premier contact se fait avec le jeune seul qui explique les circonstances de son arrivée.
Notre objectif est que le jeune se sente bien accueilli, qu’un lien se tisse avec les adultes avec qui il a échangé et puisse au terme de l’entretien repartir en réflexion avec des éléments concrets.
Nous l’informons sur le projet du SAS où nous nous assurons qu’il ait reçu la bonne information. Nous lui expliquons le fonctionnement de la structure et les règles déontologiques que nous suivons.
Un des points important abordé, est celui de l’aspect volontaire de sa démarche, et de son inscription dans le projet le cas échéant.
Dans la suite de l’entretien, nous cherchons à analyser avec lui sa situation individuelle et sa demande. Nous examinons son parcours scolaire afin d’identifier sa/ses problématiques et son statut par rapport à l’école (année d’étude, filière, antécédents, décrochage ou exclusion – temporaire ou définitive-) ainsi que d’autres problématiques le cas échéant en fonction de ce qu’il souhaite nous en dire.
Dans un deuxième temps, l’accompagnateur rejoint l’entretien et devant le jeune expose ses attentes et les raisons de son accompagnement au SAS. Le travail en réseau est un des caractères essentiels du projet, notamment parce que les jeunes reçoivent l’adresse du SAS d’un intervenant extérieur dans la majorité des cas. La demande première émane donc d’un « professionnel » dans la plupart des cas, ou d’un « familier » du jeune. Cette demande repose sur une représentation subjective du projet SAS et sur une hypothèse quant aux difficultés du jeune. S’il existe, pour le SAS comme pour de nombreuses institutions, des informations objectives et des ambitions explicites, il y a souvent un décalage entre la réalité et sa représentation subjective.
Par ailleurs, les spéculations sur les difficultés d’un jeune et nos capacités à y répondre sont aléatoires.
La première rencontre avec un jeune permet d’éclaircir les malentendus possibles et d’expliciter les logiques d’intervention qui sous-tendent le travail particulier du projet SAS.
Nous exposons au jeune le projet du SAS et la nature de notre accompagnement. Une proposition s’élabore alors progressivement avec le jeune soit qu’il vive une expérience extérieure organisée et supervisée par le SAS soit d’être intégré dans le collectif de jeune accueillit au SAS.
2. Nous lui donnons un deuxième rendez-vous, très rapproché, pour lui permettre de prendre du recul et réfléchir aux alternatives proposées.
Un débat en équipe suit ce premier entretien pour envisager si les critères sont remplis pour qu’une prise en charge soit opportune pour ce jeune.
Le deuxième entretien confirme ou non la pertinence d’une prise en charge et la nature de celle-ci.
Il est demandé au jeune d’élaborer une lettre de motivation dans laquelle il décrit au stade où il en est et en quoi la fréquentation du SAS peut l’aider (le contenu de cette lettre n’entre pas en jeu dans son admission cela lui est précisé, elle servira de base pour une évolution future et à préciser ce qu’il attend du SAS). Ce rendez-vous se fait généralement avec le jeune seul.
3. Le troisième rendez-vous est le moment ou chacun des partenaires, jeune, membres du SAS et responsables du jeune s’engagent chacun dans leur spécificité.
Lorsque la nature de la prise en charge est définie, l’engagement de chacun est formalisé par un contrat qui engage le jeune, sa famille et le SAS où est décrit les objectifs de la prise en charge et la nature des activités organisées au SAS ainsi que les règles imposées à chacun pour le bon fonctionnement de celle-ci.
Il est signalé au jeune qu’un projet social personnel sera établit tout au long de son parcours au SAS servira de base à un bilan qui est transmis en fin de SAS aux partenaires scolaires lors de son retour à l’école.
En cas de prise en charge d’un jeune qui reste inscrit dans son école (dans le cadre de l’article 32) avec un retour dans son école prévu en cours d’année, une convention est signée entre le jeune, le SAS et le partenaire scolaire.
Notre projet s’adresse aux jeunes en décrochage scolaire : l’orientation de jeunes exclus, avec l’obligation d’une prise en charge temporaire au SAS comme condition de leur réinscription scolaire, est problématique, de même que le SAS vu comme une alternative à une mesure judiciaire. Le travail ne peut se faire sous mandat : (SAJ, SPJ, école).
Le caractère volontaire est une condition essentielle du travail avec le jeune, tant philosophiquement que pédagogiquement.
En fin de prise en charge et lors d’une interruption ou lors d’un refus, si le jeune souhaite réintégrer une structure scolaire, nous travaillons avec les partenaires de l’enseignement (PMS, commissions Zonales, décentralisé, Cpeons, écoles..) au cas par cas et suivant les besoins).S’il n’y a pas de solutions nous nous référons à l’article 31 .2.
Les activités proposées au SAS.
L’objectif initial d’offrir au jeune un cadre rassurant pour générer un changement, avec un double objectif : permettre au jeune de s’approprier des outils d’expression ou faire des expériences singulières pour l’aider dans la construction de son identité propre.
La forme de prise en charge peut être de deux types, soit l’intégration dans un collectif soit une expérience individuelle suivie par le SAS.(l’une n’excluant pas l’autre).
La structure collective.
Le jeune s’engage à suivre une série d’ateliers (3 différents par jour) organisés par les adultes en fonction des objectifs visés dans le projet. Les jeunes participent à l’ensemble des ateliers que nous organisons. Ceux-ci évoluent au cours du temps mais ont des objectifs communs et une approche pédagogique commune.
Des micro projets en ressortent soit individuels soit collectifs.
Ces ateliers basés sur l’art de la scène aboutissent à des moments de valorisation du travail effectués (spectacle, expositions, films…).
Celui de fin d’année se fait traditionnellement devant un public beaucoup plus large comprenant entre autre les parents sous proposition du jeune.
Il nous apparaît fondamental pour les jeunes d’oser monter sur scène, d’oser se montrer, d’affronter le regard de l’autre afin de se valoriser à ses propres yeux, de retrouver une image positive de lui.
Les moments entre les ateliers, la vie collective, les moments de paroles et de recul sur ce qu’ils vivent collectivement ou individuellement font parties intégrante de la méthodologie.
Nous nous basons sur les méthodes pédagogiques actives et participatives qui privilégient le vécu et l’expérimentation du jeune, afin qu’il puisse reprendre confiance en lui, et prenne conscience de ses capacités, et permettre l’expression de son vécu.
Ces méthodes favorisent le développement et l’échange de savoirs, de savoir-faire et de savoir être.
Afin de développer les capacités de réussite du jeune à travers des expériences nouvelles, la revalorisation et la confiance en soi, la prise de conscience de ses compétences et de ses limites, nous organisons:
1. Des ateliers d’apprentissages personnels et collectifs.
Les jeunes progressent à leur rythme, des évaluations régulières leur permettent de se situer dans leur apprentissage, dans une dynamique portée par le groupe.
2. Des espaces de parole individuels.
Chaque jeune est suivi par une personne de l’équipe pédagogique qui est son référent, des entretiens individuels ont lieu, au minimum une fois tous les quinze jours. C’est le moment pour le jeune de faire le point, de discuter de l’intérêt de sa participation au SAS, de son intégration, de son orientation pour l’année prochaine, mais aussi d’aborder des choses ou des démarches qui le touchent plus personnellement,
3. Des espaces de parole collective, de gestion collective et démocratique.
C’est une expérience de vie collective permettant la découverte de la vie en groupe au quotidien et de travailler sur la communication et la relation à l’autre, la gestion des conflits.
4. Un travail sur les règles et les limites, l’autorité et les transgressions.
5. Un travail sur son engagement personnel, ses capacités à respecter un cadre, sur sa responsabilité.
6. Des moments réguliers d’évaluation individuelle et en groupe.
Ce choix méthodologique privilégie:
- le travail avec un petit groupe de jeunes,
- la participation active de chacun,
- le respect, la valorisation de la parole, de la place et de la production de chacun,
- la perception et l’observation de ses propres modes de fonctionnement dans un groupe,
- l’analyse des fonctionnements personnels et collectifs ainsi que leurs résonances,
- le développement des possibilités propres en terme de participation, production, création, négociation, coopération et solidarité.
Un processus d’auto évaluation permanente soutient et éclaire le travail. L’organisation collective et la gestion d’un groupe selon un processus évolutif doivent aboutir à un processus d’individualisation des jeunes.
Une expérience individuelle
Le jeune qui le souhaite réalise, en fonction de ses intérêts, un stage d’observation d’une semaine ou plus, dans une entreprise, chez un indépendant ou encore dans une association.
Cette expérience peut avoir lieu au début de la prise en charge, à la fin ou comme alternative au collectif à un moment donné.
Les objectifs, qui sont les mêmes que ceux poursuivis dans le collectif organisé au SAS, sont de lui permettre de vivre une expérience « extra-ordinaire » qui provoque changement pour l’aider dans la construction de son identité, et lui permettre d’acquérir de l’autonomie dans ses choix de vie et d’être. Ils donnent l’occasion à l’étudiant de développer des contacts avec la vie professionnelle, de se faire une idée précise de la réalité que recouvre le métier dont il veut suivre la formation et/ou de lui permettre de participer en tant que citoyen actif à des actions sociales, culturelles ou humanitaires.
Cette expérience permet à l’étudiant d’entrer en relation avec un adulte (ou des ) qui peut représenter un référent positif, tant sur le plan humain que pour l’exercice de la profession. Il lui offre également la possibilité de développer des relations en dehors de son univers habituel.
Le stage suppose la signature d’un accord de partenariat à trois (l’entreprise ou l’association, l’étudiant, l’équipe pédagogique représentée par le référent de l’étudiant) que chacun s’engage à respecter.
Evolution personnelle dans le cadre d’une prise en charge au SAS.
Pour tous les jeunes accueillis au SAS (que ce soit dans une expérience individuelle ou collective), nous proposons un espace de parole individuelle où le jeune est suivi par son référent. Ces entretiens sont organisés régulièrement et peuvent avoir lieu à d'autres moments à la demande du jeune ou de l'équipe.
A travers une relation de confiance plus privilégiée avec son référent, le jeune a l’occasion de faire le point et de discuter de l’intérêt de ce qui est organisé pour lui au SAS, de son intégration, de son orientation pour l’année prochaine, ou le cas échéant de sa réintégration scolaire en cours d’année et aussi de questions qui le touchent plus personnellement.
C'est un lieu important de soutien du jeune dans ce qu’il vit, et de soutien à l'élaboration de sa formation. C’est là que se tissent les fils de son projet.
Le référent se fait l’écho des autres adultes du SAS dont il récolte, lors des réunions d’équipe, les «retours » sur les progrès accomplis par le jeune et sur les dysfonctionnements éventuels.
C’est lors des entretiens individuels que sont discutés les éventuels rapports de retard.
De même le référent se fait le relais de la parole du jeune auprès de l’équipe et vice versa.
En outre, la relation particulière à un adulte référent, disponible et à l'écoute, c’est pour certains jeunes un support identificatoire riche d'enseignements.
Pour les jeunes (art 32)le SAS se charge d’établir avec le partenaire scolaire le moyen de permettre au jeune un suivi de sa scolarité.
Ce suivi est précisé dans la convention signée avec l’école.
Une évaluation finale est faite par chaque jeune sur son parcours dans le SAS.
C’est cette évaluation qui servira de support au bilan à transmettre aux partenaires scolaires dont le contenu sera discuté avec le jeune et transmis avec son accord .
Approche pédagogique.
L’approche pédagogique est commune à toutes les propositions :
1. L’autonomie du jeune en favorisant la rencontre entre l’adulte et le jeune pour établir du lien. Un lien fort et cohérent, qui permet au jeune de s’opposer positivement, permet un espace pour vivre ses conflits, et se donner des outils pour faire face à ses difficultés.
2. Notre accompagnement se propose de l’aider à dire, l’aider à avoir un regard bienveillant sur lui-même, l’aider à se connaître, sans culpabilité ni jugement, à connaître son fonctionnement : pourquoi il agit comme cela, à quoi cela lui sert, ce dont il a besoin et pourquoi.
Notre démarche suppose la mise en œuvre de plusieurs options de travail communes :
- le jeune est l’acteur principal de son apprentissage, et toutes les décisions qui sont prises le sont par lui avec nous.
- le formateur n’a pas de projet pour le jeune, mais offre un cadre-repère avec des règles précises qui permettent aux participants d’évoluer en toute sécurité, de s’autonomiser et de construire un projet personnel,
- le formateur représente une image soutenante et positive pour les jeunes, et constitue un guide qui conduit les individus à prendre conscience de leurs ressources, de leurs potentialités et de leurs limites,
- l’équipe des intervenants, adapte les activités organisées pour le jeune (collectif ou individuel) aux vécus, besoins et désirs exprimés par les jeunes.
- l’individu et le groupe sont des éléments d’observation renvoyés au jeune et permettant son auto-analyse.
Les capacités de chacun sont exploitées afin de renforcer l’autonomie de la personne dans l’analyse, l’adaptation et la maîtrise de situations nouvelles.
Il s’agit donc d’un processus de découverte active des potentiels et des limites de chacun.
Retour à l’école - En fin de prise en charge.
La plupart des jeunes accueillis restent 6 mois dans le projet. (le collectif commence en général début novembre). Pour certains d’entre eux, le retour à l’école est envisagé pendant l’année scolaire en cours avec un passage possible de leurs examens.
L’inscription pour l’année suivante (septembre) fait partie intégrante du travail. Nous accompagnons le jeune dans le choix de l’école, et de sa filière et à l’inscription s’il y a demande du jeune et de ses parents.
En fin de prise en charge, comme lors d’une interruption ou lors d’un refus de prise en charge par le jeune ou par le service, si le jeune souhaite réintégrer une structure scolaire, nous travaillons avec les partenaires de l’enseignement (PMS, commissions Zonales, décentralisé, Cpeons, écoles..) au cas par cas et suivant les besoins). La scolarité étant un droit pour chaque jeune, nous n’évaluons donc pas directement une possibilité de retour à la scolarité.
Nous accompagnons le mineur dans un trajet qu’il a volontairement choisi, et dont l’objectif a fait l’objet d’un engagement contractuel, mais qu’il peut à tout moment interrompre en motivant son choix.
Cependant chaque semaine nous analysons la pertinence de son parcourt en tenant compte des critères suivant :
- sa présence,
- son implication dans le travail,
- son comportement relationnel avec les adultes et les jeunes,
- son évolution en termes de capacités d’autoévaluation,
- les moyens qu’il met en place pour faire face à ses objectifs personnels,
- l’élaboration de ses choix de formation future,
Un retour est fait au jeune qui se positionne en lien avec son vécu propre.
Décret organisant des politiques conjointes de l'enseignement obligatoire et de l'Aide à la jeunesse en faveur du bien-être des jeunes à l'école, de l'accrochage scolaire, de la prévention de la violence et de l'accompagnement des démarches d'orientation.
Arrêté du Gouvernement de la Communauté française relatif aux services d’accrochage scolaire » du 21 novembre 2013.
Arrêté du Gouvernement de la Communauté française relatif aux services d’accrochage scolaire » du 22 mai 2014.